_ LE MARIAGE DE LA CARPE ET DU LAPIN 1996 __ LA VÉRITÉ SI JE MENS 1995 __ DIX FAUVES 1995 __ POSSESSION 1995 _

LE MARIAGE DE LA CARPE ET DU LAPIN
1995-96

format 21,5 x 16 cm - reliure spirale


C’est à partir du thème de l’animalité que les trois travaux réunis ici se sont développés.
Cependant autre chose fait le lien, jeu constant dans mon travail, qui consiste à tenter avec mon couple préféré, la photographie et la sculpture, le mariage de la carpe et du lapin.


ANIMALITÉ
Plus tard je serais robotisé me disait un enfant qui ne voulait pas grandir c’est à dire manger sa soupe.
Mais Tarzan ? - C’est un plouc -
Ce qui est beau, sexy, c’est la machine rigide et huilée, la chaussure qui clignote, la chose corsetée.
Les plumes sur le chapeau, la fourrure, c’est pas écologique et ça pue, ça passe pas à la machine.
Le chasseur n’est plus en accord avec sa proie, et nous on est plus d’accord avec le chasseur.
Cellophanée, congelée, viande inidentifiable, tendance hostie, l’animal : une côtelette sous un film plastique.
Mais avez-vous regardé un animal ? Et bien quand vous le regardez, il vous regarde aussi, il va bientôt quitter ses poils, absurde déguisement.
Il est cependant certaines femmes qui font confiance au pouvoir de ce bon vieux règne animal, à sa splendeur, son instinct, sa sensualité.
Omettant que «la métaphore animale s’accompagne d’un humanisme triomphant, d’un mépris pour les bêtes, les plantes, pour l’univers»*, elles s’en servent pour attirer ou retenir le mâle rassuré devant cet être si jolie et si bête.
Elles ont les cils plus longs que la biche, les ongles plus longs que la tigresse, les jambes serpentines, sur leurs talons elles trottent. Et quand elles vous regardent «moi+chat»*, hein ?
Un vrai rôle qu’elles ont dans la peau, alors que le costume de l’homme c’est depuis longtemps métallique et rapide et si l’on parle de chevaux, on ne les voit plus, ils sont purs concepts.
Mais ces femmes là sont en voie de disparition comme le vison, le léopard, l’hermine...
Reste tout de même, à la portée de tous, cet ami, ce compagnon, voir cet accessoire qui attaché à sa laisse semble un prolongement du corps. Il est animal de prix, sujet de prestige, d’échanges amicaux et économiques.
Si vous n’avez rien à dire, vous parlerez pour lui et de lui, et de vous et lui.
Il peut constituer une société passive toute à vos ordres et à vos projections.
En conclusion : On peut aimer les animaux, on peut se sentir animal et on peut manger les animaux, tout à la fois.
Il faut cependant opérer un tri : ne pas aimer un cochon ni un veau, ne pas se sentir mouton ni pigeon et ne pas manger chien, chat, ou canari; ou alors on est un drôle d’animal.


E. M. mars 1996.

* Gilbert Lascault, « Figurées défigurées, petit vocabulaire de la féminité représentée »
* Photographie de Wanda Wultz.