Je
travaille avec mon image. (Et avec la photographie).
Jai fait trois masques de moi en carton très léger.
Lun avec un trou pour le nez. Lautre avec un trou pour la bouche.
Le troisième avec deux trous pour les yeux.
Des séries de photos en découlent :
« Quand on se masque avec son propre masque, que démasque-t-on?
».
Comme le regard insiste, lincertitude est plus grande. Parfois je me cache,
et le regard vide je me statufie; parfois le masque sanamorphose et se
met à fuir.
« Quand on masque les autres avec son propre masque, que démasque-ton?
» (masque avec le nez).
On remarque une envie de démasquer, la présence forte du masque
et de son regard, parfois le grotesque du nez. Une certaine solitude. Une tache
grise et plus claire qui revient de façon obsessionnelle. Façade
muette.
Je mapproche de lenvoûtement. Cest une mascarade, cela
se voit comme le nez au milieu de la figure.
Mon image nest pas mon identité.
Regardez-moi, je ne vous dirai pas qui je suis. Est-ce possible?
Ni préserver, ni définir, mais signifier «jexiste».
Cette violence faite à limage de lautre et à la mienne
est là pour tendre les fils invisibles qui nous lient à... lautre,
lextérieur, la mémoire, le rêve.
E. M. 1992